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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 03:14
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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 03:06

 

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XVI

 

Je ne sais comment, mais j'ai su tout de suite qu'elles nous suivaient depuis plusieurs jours. Elles nous observaient de loin. En filant le long de la crête, elles nous observaient. C'est la fille maigre dont j'avais aperçu la chevelure soudain soulevée par le vent d'Ouest. Elles nous avaient devancés et s'étaient placées là, dans cet épaulement de colline. Exactement sur notre route. Comme toujours elles nous avaient choisis après plusieurs journées d'un guet attentif. Nous étions à leur goût puisqu'elles consentaient à se dévoiler enfin. Si nous avions commis un acte jugé par elles désagréable elles auraient tourné bride. Qu'aurions nous pu faire ? Je me suis posé souvent la question, nous embrasser peut-être Amogh et moi ? Cette idée seule m'amusait tant elle était extravagante. Ou alors si nous avions tué un oiseau sans le manger ? Mais cela même Amogh ne le faisait pas.

 

Ce jour-là le rôle « d'ouvreur de route » m'était dévoulu. Je mis pied à terre, et me retournant à peine je vis Amogh enfiler une encoche de flèche dans son arc.

La femme blonde dit :

 Salut hommes, n'est-il pas l'heure du bivouac ? 

 _« Il est encore tôt » dit Amogh.

 _« Justement nous aurons plus de temps » répondit-elle avec une sorte de ravissante effronterie.

 

(A suivre)

 

 

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 03:18

 

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  • XV

    Nous avions ainsi appris, à force de douleurs, ce que savaient jadis les sages : notre mental est notre pire ennemi, il ne sait rien faire d'autre que créer de l'illusion. Et jamais, jamais, il ne cesse sa besogne hardie et cruelle.

    Nous savions, désormais, comment le museler.

    Nous chevauchions plein ouest. Le plateau s'inclinait tendrement vers une plaine où l'été semblait avoir encore un peu de prise. Il y avait dans le vent une sorte de caresse et de parfum inhabituels. Je me penchais pour tenter de voir d'où venait cette odeur d'asparule odorante, ou plutôt d'iris ? Non, de chévrefeuille... Non, de jasmin... Non, de tubéreuse... Mais non pas de tubéreuse ici... Alors ? Rien que d'infini et de très délicat et de très doux. Nous allions plein ouest. Là où le gel n'a jamais prise.

    Nous avions hâte de retrouver cette femelle tiédeur quand, au détour du chemin, nous les vîmes.

    Elles étaient deux, comme nous. Une fille accorte blonde et souriante, et l'autre svelte, brune et grave.

    (A Suivre)

 

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 03:10

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  • XIV

    Nous évitions les ville lointaines dans les vallées, ténébreuses,   totalement, quand le soleil déclinait. Et nous passions au large  quand, soudain, au détour d'une courbe la route débouchait sur les restes d'un village, toujours désert. Nous savions, mais comment et pourquoi, que ces zones étaient funestes. 

    Il nous était arrivé d'une façon bien curieuse de trouver, dans des tonneaux, des livres entiers figés dans la graisse d'oie. Avant nous, d'autres hommes, avaient pris soin de les cacher ainsi.

    Amogh ne savait plus lire, mais moi...si. Enfin, je lisais mais ne déchiffrais pas tout. Je savais par un canal très ancien, reconnaître les plantes.Qui étais-je avant ? Et qui était Amogh, mon ami de toujours ? Car je savais confusément, que, dans l'autre monde, nous étions déjà si proches. Si intimement liés.

    Comment savoir ce qui nous était arrivé, puisque nos mémoires défaillaient ? Nous savions seulement qu'il fallait se tenir éloigné des hommes, et que les femmes ne présentaient aucune menace. Rien de plus. Y penser était pour nous une torture si intense que nous avions pris l'habitude d'écarter d'emblée cette considération, à l'image des bêtes qui, d'instinct, flairent la fosse hérissée de pics, dans le sentier, devant elles. Elles font alors un détour. Ou demi-tour. Nous mêmes lorsque le sommeil tardait à venir et que notre imagination accomplissait sa funeste besogne, il nous arrivait – au début – de nous plonger dans cet abîme : l'autre monde, ou tout au moins ce que notre chair conservait de lui dans ses replis intimes. 

    (A Suivre)

 

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 03:31

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XIII

En remontant à cheval il m'a semblé avoir vu là haut sur la crête une chevelure dans le vent. Mais l'impression avait été si fugace que je n'avais pas alerté Amogh. C'était peut-être la queue d'un cheval sauvage. Il y en avait dans cette vallée nous avions vu la trace de leurs sabots au long d'une grève baignée par le torrent.

 

Le monde avait changé. Nous avions parfois de fulgurants souvenirs qui nous faisaient atrocement souffrir. Alors nous allions en silence dans cette nature qui, elle ne mentait jamais. Qui n'a pas vu le vent courber les herbes ne sait rien du monde. Celui qui n'a pas pleuré dans sa profonde solitude à la caresse de la feuille, ignore tout. Mais je crois que celui-là n'existe plus.

Parfois des bribes de poème me venaient aux lèvres

« ô jour lève toi, les atomes sont en train de danser

«  Grâce à Lui, l'univers est en train de danser

«  je murmurai à ton oreille où cette danse les mène

« les atomes de l'air et du désert le savent bien, ils semblent fous

«  chaque atome, heureux ou misérable, est amoureux du soleil...dont rien ne peut être dit »

 _Ah j'ai oublié un vers «  les âmes dansent triomphant en extase ».

Amogh écoutait en silence, un peu heureux peut-être.

 _« Attends j'ai ça aussi : Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! 

 

 

 

_ "Putain ça a de la gueule d'où tu sors ça ?"

_Aucune idée, c'est peut-être de moi *.

Depuis que nous chevauchions, nous avions croisé des ruines moussues, des constructions pourries et abandonnées. D'une infinie tristesse, mais aussi d'une folle éloquence. En ce temps des gens allaient et venaient, des femmes riaient, des hommes essuyaient leur sueur d'un mouchoir à carreaux, et des enfants cruels tiraient les nattes des gamines boudeuses.

Ce monde n'était plus.

* poèmes de Rumi et Rimbaud 

(A Suivre)

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 03:16

  Vous n'avez pas le temps de lire ? Balthazar est là. Il écrit pour vous des phrases romanesques qui valent des volumes entiers. Vous les lisez en moins de 30 secondes et votre imagination fait le reste.

 

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J'ai des blessures d'une autre vie

qui me font mal

et dont je ne peux me plaindre

(Balthazar Forcalquier)

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 03:08

Vivre me prend un temps fou,

je n'ai pas le loisir de faire autre chose.

(Balthazar Forcalquier)

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19 avril 2013 5 19 /04 /avril /2013 03:27
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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 03:53

 

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XII

Les abeilles achevaient leur labeur estival en hâte. L'automne frappait à la porte de cette vallée haute.

 _« Des abeilles, on cherche le miel ? »

Amogh arrêta son cheval, se retourna un peu en appuyant une main sur le troussequin de sa selle, l'autre sur le pommeau. Il me regarda un instant puis ouvrant un grand sourire dit :

_« Du miel ? Comment refuser ?». Il n'était pas homme à s'excuser, mais savait en un instant effacer la rancoeur accumulée.

Cette sauvegarde, je l'enviais. Moi, j'étais cruellement enfermé quand il m'arrivait d'être contrarié ou malheureux. Alors je ne trouvais pas de sortie et il me fallait déployer un effort considérable pour trouver une faille dans la prison que je m'étais moi-même construite. L'enfer c'est l'enfermement, je le savais, ô combien. Et il n'est pire de geôle que celle que vous avez vous-même bâtie. En l'édifiant, vous la pensez inexpugnable et donc inviolable. Comment, dès lors, se violer soi-même ?

Il ne nous fallut pas longtemps pour repérer la ruche construite sous l'aisselle d'un haut châtaignier brûlé une nuit d'orage. Le bois chauffé avait durci comme durcissent les pointes des lances passées à la flamme. L'arbre était mort, laissant des colonies nouvelles l'animer. Une grosse poignée d'herbes sèches enflammées et passées devant la petite ouverture affola les abeilles. Avec mon couteau j'agrandis le trou, le miel commença à couler dans mes mains. Puis j'arrachai une grosse tranche de rayons, que je lançai à Amogh. Il éperonna sa monture et fila au loin. Je le retrouvais une heure plus tard, mon visage et mes mains diformes.

_«  Ah te voilà avec une belle tête rouge, elles ne t'ont pas fait de cadeau les mouches ». Il souriait. Je me massais avec un onguent de bardane et de plantain mélangés à de la graisse de castor. Difforme je souriais. Nous avons partagé le morceau et nous nous sommes goinfrés avalant, pêle-mêle la cire et le miel, et le couvain.

Le monde était sucré ce jour-là.

(A SUIVRE LUNDI)

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 03:24

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XI

 

Nous n'eûmes aucune visite cette nuit là, ni heureuse, ni inopportune.

Le matin brumeux nous escorta jusqu'à midi. Nous n'avions pas échangé un mot. Nous filions toujours plein ouest, le long d'un plateau herbeux. De grosses pierres patinées par les vents et le gel exposaient ça et là leurs rondeurs femelles. Le lichen crêpu leur faisait comme des fourrures de couleur céladon. On aurait dit que des fées énormes et impudiques dormaient là-dessous.

Des montagnes enneigées apparurent sur la gauche, elles avaient pour cortège obstiné la ronde moelleuse des busards qui paressaient dans les courants portants.

 _« Si j'étais un vautour j'aimerais faire ainsi la sieste, toutes ailes dehors. Pas toi ? »

Amogh répondit en se tordant la bouche : «  si j'étais busard je boufferais de la charogne. Toi si tu veux, mais sûrement pas moi. » Bon...La cordialité n'était pas de mise ce matin-là, je repris ma méditation sur les ondes du vent qui savent caresser l'herbe avec une sensualité extrême. 

(A SUIVRE)

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