A Brézé s'est déroulé un évènement considérable et, pour en bien profiter il fallait avoir le nez au sol, ou plutôt dans un verre.
ça se passe tout en bas car pour monter en esprit il faut savoir descendre d'abord.
Cet évènement avait lieu dans le secret de ces profondes douves, au château de Brézé, près de Saumur. C'est là que la DIVE BOUTEILLE avait caché ses plus beaux flacons. Caché, mais pas de
manière si confidentielle puisqu'il y avait foule : il n'y avait là que des initiés, que le haut du panier arpentant les souterrains troglodytes le coeur léger, le palais embaumant mille et une
saveurs. Ici s'exprime les vins rares, les fous de qualité, les forcenés de la nature. Pas de poudre de perlimpin pour donner du goût, estomper une acidité, relever une fadeur, pas de
chimie, que de l'alchimie ; de la magie partout. Évidemment les rendements sont faibles et les efforts considérables. Les vignerons pour la plupart sont jeunes, enthousiastes, charmants, ils sont
dans la vérité, et la vérité est dans leur vin.
Que du beau monde. La preuve on y était !
Sous le cheveu long est feutré en dreadlocks, un peu timides deux gars du Jura font goûter là un rouge clairet, cépage poulsar, en bouche des saveurs grillées superbes montent et
bouleversant ( domaine de Cavarodes à Cramans 39600, si vous allez en vacances dans le coin faites un détour). Plus loin un gamay large d'épaule et franc du collier qui s'appelle
joyeusement " on s'en bat les couilles" chez Pascal Simonutti à Meslans (41), ou les somptueux beaujolais de Marie Lapierre ( Saint-Jean d'Ardières), et les Plageolles de Gaillac. Ah! les
Plageolles et leur Mauzac si élégant, leur vin d'Autan ample et leu vin de voile : 7 ans d'élevage qui vous émeut comme une poésie de Rimbaud. Et les vins de Nicolas Reau qui, en
Thouarsais, fait des cuvées si subtiles, si belles. Et puis les vins de Georgie, qui macèrent lentement dans des amphores gigantesques, et offrent des nez d'épice, des goûts de cuir, des
couleurs à se damner, et aussi ce vin du Frioul ( nord est de l'Italie) qui mérite le prix nobel de la paix car celui qui en boit, et l'aime, est forcément un être doux. Et les alcools de
Gazottes qui mériteront ici un traitement à part. Voilà d'où nous venons frères humains.
Nous le savons désormais le paradis n'est pas au ciel, mais sous terre.
Lui, il cause géorgien, mais on s'en fout, ses vins magnifiques parlent pour lui. On les trouve chez Puzlat à côté de Blois.
Impossible de tout boire. Hélas, hélas, hélas, il faut cracher. Des centaines de litres merveilleux sont ainsi évacués.