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6 novembre 2014 4 06 /11 /novembre /2014 05:00

Certes la vie de Marcel Grasmifle n'était pas réjouissante. Tous les jours de la semaine il se levait tôt pour filer vers l'abattoir municipal où il nettoyait, à longueur d'année, les viscères chaudes des bovins. Avec le temps le remugle du sous-sol où il opérait imprégna sa peau. Marcel puait. Marcel était méprisé. Marcel était seul, sa femme ayant préféré les doigts agiles du tueur dans le même abattoir. Néanmoins, il existait une période dans l'année, durant laquelle Marcel devenait un pur héros, un grand monsieur, un personnage dont chacun cherchait la précieuse amitié. Le croiriez-vous, Marcel était alors courtisé, et par les notables même de la ville qui lui donnaient du " cher ami" du "passez donc prendre un verre"?

Car Marcel était un champion de la cueillette des champignons. L'automne était sa saison divine. Les cèpes les plus rares, les morilles, les truffes, la sublime et rare oronge des césars : il savait tout de leurs mystères et des caches... Il connaissait les halliers secrets. Il était généreux. Il donnait volontiers ses paniers merveilleux... Et le gel venu il retombait dans sa solitude et sa puanteur. Son caractère était doux. Il n'en voulut jamais à personne. Il se contentait de ces quelques semaines de belle vie pour supporter les mois atroces.

Il ne connaissait pas Sénèque mais il aurait sans doute rougi en écoutant ce sage précepte : " le pauvre n'est pas celui qui a peu, mais celui qui n'a jamais assez". Marcel avait juste assez pour ne pas mourir de honte.

Voilà c'est tout.

Photo de mariage ( dessin de Louie Travis)

Photo de mariage ( dessin de Louie Travis)

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 04:06
Dessin de Louie Travis

Dessin de Louie Travis

 

Il était gentil, mais il était né sans nez. A force de travail il devint sommelier. Il ne pouvait pas évoquer l'arôme d'un jus de gribouse mais il pouvait raconter sa couleur... Mais pas son goût non plus puisqu'il n'avait pas de nez et quand on n'a pas d'odorat on n'a pas de goût. Comme on imagine il ne trouva pas de travail, ses compétences étaient limitées. Il versa donc dans l'alcoolisme. Ce qui n'était pas grave car, sur sa planète, la belle Schniasse, la conduite sans l'emprise de l'alcool était une circonstance atténuante.

 

Voilà c'est tout !

 

Voilà c'est tout !Il était gentil, mais il était né sans nez. A force de travail il devint sommelier. Il ne pouvait pas évoquer l'arôme d'un jus de gribouse mais il pouvait raconter sa couleur... Mais pas son goût non plus puisqu'il n'avait pas de nez et quand on n'a pas d'odorat on n'a pas de goût. Comme on imagine il ne trouva pas de travail, ses compétences étaient limitées. Il versa donc dans l'alcoolisme. Ce qui n'était pas grave car, sur sa planète, la belle Schniasse, la conduite sans l'emprise de l'alcool était une circonstance atténuante.

Voilà c'est tout !

Il était gentil, mais il était né sans nez. A force de travail il devint sommelier. Il ne pouvait pas évoquer l'arôme d'un jus de gribouse mais il pouvait raconter sa couleur... Mais pas son goût non plus puisqu'il n'avait pas de nez et quand on n'a pas d'odorat on n'a pas de goût. Comme on imagine il ne trouva pas de travail, ses compétences étaient limitées. Il versa donc dans l'alcoolisme. Ce qui n'était pas grave car, sur sa planète, la belle Schniasse, la conduite sans l'emprise de l'alcool était une circonstance atténuante.

Voilà c'est tout !

Pour la traduction il suffit de copier, coller et aller chercher une autre police. Allo ? Police ?

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 04:52

Zirgub qui habite la planète Grossefesse aimerait bien avoir des amis. Mais la particularité de cette planète c'est qu'elle ne compte qu'un seul habitant... Pas facile quand on est à l'extrême bout de la galaxie et que la première planète habitée est à plus de 50 millions d'années lumières.

Alors il s'ennuie et quand il sera mort il n'y aura plus personne ici. Sauf que sur cette planète la mort n'a pas encore été inventée ! Elle a bien des défauts mais elle n'est pas peccamineuse pour un sou! Il y aurait de quoi se jeter par la fenêtre ou se tirer une balle dans la tête. Mais la fenêtre ni la poudre, ni le poison, ni le gaz, ni la lame de rasoir n'ont été inventés. Pauvre Zirgub !

voilà c'est tout

"Gnuf" dit-il (dessin de Louie Travis)

"Gnuf" dit-il (dessin de Louie Travis)

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 07:26

Et comme tous les poètes Clément avait des idées fantasques et des amours contrariées. Il n'avait jamais commis de ces péchés réservés que seuls les papes et les évêques peuvent absoudre : il n'était pas franc-maçon et ne s'était jamais battu en duel. Il buvait peu et absorbait chaque soir son julep. Un bon petit poète en somme.

Quand une fleur poussa dans sa tête il n'en fut pas étonné car les poètes ont, en eux, des bouquets qui méditent. Et leur cervelle est un terreau. Cette fleur avait le parfum de la brillantine, cela nous amusa beaucoup.

Las de cette fantaisie horticole, Clément eut recours à un puissant désherbant, et depuis, son inspiration est stérile. C'est bien triste.

Voilà c'est tout

Conte express : Clément était poète
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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 04:28

Il était modèle aux beaux arts. Ses traits fins faisaient le désespoir des peintres. Ceux qui vouaient un culte à la perfection des formes versaient inéluctablement dans une acédia atroce. Octave était un défi du pinceau.

Puis vint la guerre, et un obus lui arracha le haut du visage.

Après moult greffes extravagantes et raccommodages hasardeux, la Faculté le rendit à la vie civile. Il obtint sans difficulté ( on veut bien le croire) sa carte de "gueule cassée". Il reprit ses pauses. Et de nouveau les peintres s'arrachaient les poils des brosses, toujours incapables qu'ils étaient de capter les nuances marmoréennes de son os.

Voilà c'est tout.

Conte express : Octave, toujours insaisissable
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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 07:01

Modiste à la mode, Babutte avait pignon sur rue. Son imagination et son goût étaient recherchés. Ses "bibis" faisaient fureur chez les "Bobos". Mais, savez-vous, la recherche dans le bon goût n'a pas de frontière.

Certes, mais tout de même !

Lorsque Babutte sortit sa dernière création, on s'interrogea : " est-elle tombée sur la tête", " son amant est-il parti dans d'autres bras pour qu'elle verse dans un tel abîme ?"

Du jour au lendemain Babutte fut éloignée des cercles délicats, la clientèle déserta, son amant se réfugia dans d'autres bras. On ne peut attendre trop longtemps la compassion des gens, il est plus sûr de croire en la parousie.

Elle finit pauvrement : lingère et phtisique.

Voilà c'est tout.

Dessin de Travis Louie.

Dessin de Travis Louie.

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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 13:43

Ludivine de Bassecrêpe de Mironton, née Villegrave de Beaufrisson était d'une beauté troublante. A son teint de porcelaine éburnéen s'ajoutait le bel ovale du visage et un regard méditatif d'eau claire. Et ses manières avaient une grâce infinie. Son jeune époux le marquis Henri de Bassecrêpe de Mironton semblait être le plus heureux des hommes. Hélas un détail assombrissait leur jeune bonheur. Ludivine cachait un léger défaut : un grain de beauté sur la fesse gauche rompait la fluide harmonie de son corps souple. Sans cette légère marque elle aurait été en tout point parfait.

Le marquis décida qu'il fallait retirer cette tache disgracieuse, sa femme serait alors divine. Le chirurgien opéra, mais Ludivine ne se réveilla pas.

Elle était morte.

Voilà tout.

Ludivine de Bassecrêpe de Mironton. Dessin : Louie Travis

Ludivine de Bassecrêpe de Mironton. Dessin : Louie Travis

 le marquis Henri de Bassecrêpe de Mironton. Dessin : Louie Travis

le marquis Henri de Bassecrêpe de Mironton. Dessin : Louie Travis

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20 octobre 2014 1 20 /10 /octobre /2014 04:05

On l'aimait bien. Il était drôle, joyeux compagnon, toujours disposé à la fête, bon banjoïste, excellent danseur, il connaissait mille et une histoires drôles. Comme celle de l'amnésique qui va chez le médecin : " docteur je suis amnésique". "Depuis quand ?" le demande le toubib. " Depuis quand quoi ?" réplique le patient.

Mais plus le temps passait, moins on comprenait l'humour et les frasques de Robert Opoil. Sa compagne la jolie Sophie confia à ses amis : " je crois qu'il a une araignée au plafond".

Et un jour l'araignée sortit pour habiter l'étage au-dessus bien mieux ensoleillé.

Voilà c'est tout.

Dessin de Travis Louie

Dessin de Travis Louie

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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 04:06

Octave Vendange était un chic type, serviable en diable, simple de manières et souvent d'humeur joyeuse. On aimait sa présence et même, parfois, les jours de grande solitude il arriva qu'on la recherchât. Mais dans son for intérieur Octave nourrissait un complexe. Une sorte de drame intime, ces nuisances que personne ne remarque et qui, pourtant vous dévorent de l'intérieur : il n'avait jamais aucune idée originale, pas la moindre lueur de chimère, pas le plus petit souffle de fantaisie.

Aussi pour signifier qu'il pouvait, éventuellement, avoir une pensée personnelle il imagina ce procédé : il se planta une bougie sur la tête ( il avait vu dans les dessins animés qu'une idée lumineuse était illustrée par une ampoule allumée).

Ce fut sa seule et sa dernière idée. Il mourut le soir même dans l'incendie de sa maison.

Voilà c'est tout !

Dessin de Davis Louie

Dessin de Davis Louie

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 04:40

Dans la gracieuse vallée de Bougnaf une ferme coquette est assoupie dans l'épaulement d'une molle colline. Mais il ne faut pas aller par là. Deux frères y habitent. Ils sont mal élevés et ne respectent rien.

Ils inventent même des insultes comme : " grosse vache" (pour les filles) ou pire encore " petite couille" ( pour les gars). On se demande où ils vont chercher tout cela : ils n'ont pas la télé ni la radio.

Evidemment ils sont célibataires. Quand on est siamois et mal embouché il n'est pas aisé de trouver chaussure à ses pieds.

Voilà c'est tout.

Dessin de Travis Louie.

Dessin de Travis Louie.

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