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… La Liberté
La mienne commencerait dit – abusivement – l’adage, exactement là où finirait celle des autres. Voilà bien le genre de formule convenable qui ne mène à rien. Ma liberté serait mouvante et d’une surface variable, ajustée au bord de l’autre, selon l’humeur, l’envie et la lassitude… à une unique condition : qu’elle n’empiète pas chez le voisin. Ce n’est pas cela la liberté, cela s’appelle la solitude. Je dis que la liberté est cette zone sublime, et très douce, partagée avec l’autre. Ma liberté ne s’arrête pas là où commence celle de l’autre. Ma liberté et la sienne sont communes, en harmonie : sur ce paysage de recouvrement, là dans cette communion aimante, là est la liberté féconde.
Je ne suis pas un homme libre parce que j’agis selon ma guise. Ainsi me voilà dans le désert*. Un chemin file vers l’Est, peut-être vers une oasis, vers la fraîcheur et le repos fiévreux des pays écrasants, ceux qui laissent le regard courir sans fin, comme un lévrier fatal. Je peux, car ma liberté me l’autorise, tourner le dos au sentier et me perdre, au hasard, dans les étendues. Je peux aussi guider ma liberté vers une contrainte : suivre le chemin, trouver, au bout de ma quête la source qui étanchera ma soif et me lavera des poussières du voyage.
La liberté salvatrice serait contrainte ??? On ne peut pas opposer en ces termes deux notions aussi complémentaires. La contrainte est la compagne de la liberté, pas son ennemie. La contrainte est cette portion commune entre l’autre et moi, ce morceau de communion. Elle est douce, infiniment, la contrainte acceptée ; et voulue. Comme on ne garde l’amour qu’en le donnant, la liberté s’acquière en la domptant. « Tu es vraiment libre lorsque tu te fais responsable de tout ».
« Ne demande jamais ton chemin à quelqu’un qui le connaît, car tu pourrais t’égarer .» Ne suis personne. En revanche accepte de suivre les pistes immémoriales. Va simplement. Aller n’est pas suivre. Emprunter une voie n’est pas mettre ses pas dans celui qui a tracé le chemin. C’est partager le voyage avec lui. Tu n’iras jamais comme lui. Tes pas auront un autre rythme. Ta pensée suivra d’autres détours, les heures, les saisons, seront différentes. D’ailleurs ce chemin que tu empruntes, tu le fais tien en poussant du pied les pierres qui te feraient trébucher, alors qu’un autre les a enjambées avec aisance. Ce chemin, tu le fais tien en l’habitant totalement. Au bord du précipice, le vertige te fait douter, alors que l’aveugle t’a précédé là, en frôlant la paroi avec ingénuité, ignorant l’abîme. Ainsi chacun avance à sa façon, se repose lorsqu’il est fatigué, combat ses propres tourments.