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Après avoir traversé la châtaigneraie rescapée des combats contre l'orage, le chemin de crête est comme une zone franche. La foudre a frappé un arbre sur deux, et plus encore. Le sentier est jonché de branches calcinées. Les bombardements célestes ont été ici considérables ! Les arbres éventrés sauvent quand même quelques feuilles. Ces gueules cassées ont de ces tendresses de fillette !
Avant cela, la gare abandonnée de Florac est comme une valise oubliée. L'image est un peu facile j'en conviens, mais elle est idéale. On regrette le maelstrom des voyageurs dans la vapeur des locos au ralenti. Les paniers de victuailles à cochonnaille, les fermières à grande gueule et les jeunes filles effarées qui s'en vont choisir une coiffe neuve au marché. Et les maquignons arrogants. Et quelque bourgeois à moustache lissée qui achètent à bon compte des coupes de bois si pentues que seuls des fols et des mules peuvent débarder.
Les fenêtres de la gare sont occultées désormais avec du contreplaqué malade, la salle des pas perdus est enfermée, le lampadaire est tordu par le vent. C'est d'une mélancolie cruelle et, pire, vaine..
Tout en haut d'une pente qui dure deux heures , cinq ou six maisons de lourdes pierres : Bougès. Une source où l'on peut boire. Le panneau avise : "eau non contrôlée" ce qui veut dire pure. Elle tombe directement du dessus sans avoir vu le ciel. Et une auberge perchée. On mange sur ce balcon en montagne une omelette aux ceps ( cueillis ici), le pélardon( fromage) du fermier voisin , de la confiture de framboise maison et un vin souple du domaine de Gabalie (Lauzère) au parfum de pivoine. Les aubergistes sont comme une tante et un oncle revenus des pays du Levant, chaleureux et discrets. C'est délicieux. L'air est plein de l'odeur des genets.
On voit le Causse devant au loin, le Causse où il n'y a rien, même le vent ne s'y arrête pas.
Un lézard amoureux zigzague sur la lauze... et choit.