EPISODE 4
Résumé : Pour son patron, Mouloud est, je cite : « un bel enculé de la CGT ». Sinon, pour Balthazar, c’est plutôt un chic type ce Mouloud.
Le tribunal, saisi, pour vol et vandalisme, avait relaxé Mouloud.
Un petit Brahim était né, tout frisé et rigolard.
Les photos produites par l’avocat, Me Mespieds, avaient circulé entre les mains de la présidente et de ses assesseurs (trois femmes). Elles s’étaient extasiées.
_ Comme il est trognonavait dit la présidente avec un ton attendri, et si touchant que l’avocat du patron, Me Aimery de Prime d’Antignoil, sentant la condamnation lui échapper, avait cru bon de clamer :
_ Madame la Présidente, ce n’est pas là le fond de l’affaire.
La présidente, piquée au vif, répliqua :
_ Maître n’avez-vous donc pas de cœur ? La justice est aveugle certes, mais elle a un cœur.
Aimery de Prime d’Antignoil sut alors que c’était foutu.
Et il avait raison.
Mouloud était sorti libre du tribunal sous les baisers de sa femme. Et, également, sous les vivats, des militants de la CGT (car Mouloud était le délégué CGT de la FABREX , l’usine de tringles à rideaux). Il y avait là aussi, les gars de FO venus par solidarité (cela leur arrive), ceux de Sud ( bien qu’ils fussent contre les naissances qui nourrissent le monstre capitaliste), ceux de la CFDT ( le tribunal siégeait à Bressuire) et même ceux de la CFTC (les cathos toujours sensibles à la naissance d’une famille). Seule la CGC (les cadres) s’était excusée, mais elle avait envoyé un mot de félicitation pour la naissance du petit. Cela faisait beaucoup de banderoles, et les klaxons ne réveillèrent même pas Brahim. Il dormait « comme un petit Jésus », pour reprendre la délicieuse expression du délégué CFTC, un grand type maigre et rasé de frais.
A SUIVRE …
